Le consentement en éducation à la sexualité : un outil pour prévenir les violences à caractère sexuel (partie 1)

Aborder des sujets comme le consentement est fondamental lorsqu’il est question d’éducation à la sexualité, notamment pour prévenir les violences à caractère sexuel, mais il peut être difficile de savoir comment s’y prendre. Heureusement, Claudia, intervenante au SHASE, soit Soutien aux hommes agressés sexuellement Estrie, et Kelly, intervenante au Centre d’aide et de luttes contre les agressions sexuelles (CALACS) agression Estrie, nous ont livré leurs secrets pour parler de consentement!

Il est d’abord important de bien comprendre ce que c’est le consentement, ainsi que les violences à caractère sexuel. Ainsi, le consentement consiste à comprendre ses propres limites, à les exprimer et à les respecter, ainsi qu’à respecter les limites des personnes qui nous entourent (SHASE, 2025). Lorsqu’on fait référence au consentement précisément dans un contexte d’activité sexuelle, ce serait de donner son accord pour y participer et ce, de façon libre, éclairée et enthousiaste (CALACS agression Estrie, 2025). En se basant sur ces définitions, on peut donc définir les violences à caractère sexuel comme étant tous les gestes posés sans le consentement d’une personne.

Il est normal de se questionner sur la façon « idéale » d’inclure les concepts du consentement et des violences à caractère sexuel à l’éducation sexuelle que vous proposez à vos enfants. Les intervenantes du SHASE et du CALACS agression Estrie que nous avons rencontrées vous proposent quelques astuces pour faciliter ces discussions.

Offrir une éducation sexuelle complète et adaptée

L’accès à une éducation sexuelle complète et adaptée à votre enfant, et ce, dès un jeune âge, est une étape primordiale dans la prévention des violences à caractère sexuel. Notamment, développer des habiletés de connaissance de soi et de ses limites est essentiel, selon Claudia, afin de développer chez votre enfant la capacité de reconnaître les situations anormales. Elle mentionne que l’on peut, entre autres, accompagner l’enfant à reconnaître ses limites dans diverses situations, pas seulement liées à l’intimité, et à les exprimer. L’intervenante propose aussi d’aider votre enfant à développer sa capacité à reconnaître les émotions vécues dans différentes situations ainsi que les signaux qui indiquent un malaise afin de l’outiller à reconnaître les situations dans lesquelles il.elle se sent inconfortable.

Avec des adolescent.es, il est possible de développer ces habiletés dans des contextes plus précis. Notamment, Claudia suggère d’aborder les secrets normaux et anormaux. Lorsqu’on parle de secrets anormaux, on fait référence à des secrets qui pourraient mener à des situations problématiques. Par exemple, on pourrait penser à un.e adulte qui donne des cadeaux à un.e adolescent.e et qui lui dit de ne pas en parler à ses parents. Apprendre à votre adolescent.e à différencier ces concepts permettrait d’aider à prévenir les violences sexuelles selon elle. C’est aussi une occasion pour vous de lui rappeler l’importance de dénoncer les situations qu’il.elle considère anormales ou inconfortables à un.e adulte de confiance.

Éviter les tabous

Il est aussi essentiel d’éviter les tabous lorsqu’on parle de sexualité et de consentement. Pour favoriser des discussions ouvertes et exemptes de sujets « interdits », on peut, entre autres, nommer clairement les choses. Par exemple, il est recommandé de nommer les différentes parties du corps, en utilisant les termes corrects. Claudia recommande de faire cet exercice dans un endroit que l’on veut que l’enfant associe à l’intimité, comme la salle de bain par exemple, et à un moment propice, c’est-à-dire un moment calme, pendant lequel vous pouvez prendre le temps de répondre aux possibles questions de votre enfant.

Normaliser l’intimité, notamment en évitant de réprimander des comportements sexuels comme la masturbation, mais plutôt en les recadrant lorsqu’ils sont faits à des moments ou des endroits inappropriés, permet aussi de réduire les tabous entourant la sexualité.

Faire de la prévention sans faire peur

Kelly suggère d’éviter de miser sur les conséquences qui peuvent découler d’une agression à caractère sexuel, notamment les conséquences légales. Elle mentionne que, bien qu’il soit possible de les aborder, mettre trop d’importance sur les conséquences possibles afin de faire de la prévention peut plutôt favoriser la culpabilité vécue par les victimes d’agression à caractère sexuel et leur faire peur. Elle utilise entre autres l’exemple des personnes victimes de distribution de matériel pornographique qui pourraient avoir l’impression que de dénoncer la violence qu’elles ont vécue pourrait les mener à expérimenter des réprimandes de la part de la justice.

Finalement, Claudia et Kelly sont toutes deux d’avis que, si vous ne vous sentez pas apte à répondre aux questionnements de votre enfant, il existe de nombreuses ressources vers lesquelles vous pouvez vous tourner, dont le SHASE et le CALACS.

Claudia et Kelly vous proposent aussi plusieurs outils pour aborder le consentement et les violences à caractère sexuel avec vos enfants.

  • Jeux éducatifs : Virage (Éditions Midi Trente), Jouons avec les émotions (Éditions Midi Trente), Mets tes préjugés (disponible sur la plateforme en ligne du SHASE destinée aux parents), As-tu dis sexe ? (AlterAdo)
  • Sites web et plateformes en ligne : Fondation Marie-Vincent, Cyberaide, Tel-Jeunes parents, SHASE – plateforme pour les parents, CALACS Agression Estrie
  • Livres et auteurs : Michel Dorais (plusieurs de ses livres abordent les agressions sexuelles chez les hommes et les garçons)

Capsule : ITSS et consentement

Le consentement est un concept qui s’applique aussi aux ITSS, comme le soulignent Claudia et Kelly. En effet, lorsqu’on sait qu’on a contracté une ITSS et qu’on ne le dévoile pas à notre partenaire avant la relation sexuelle, on l’empêche de faire un choix éclairé quant à celle-ci. Avoir accès à une éducation sexuelle complète est une façon de réduire, entre autres, les risques que de telles situations se produisent.

En bref, l’éducation au consentement est un outil concret pour prévenir les violences à caractère sexuel, mais aussi pour développer l’affirmation de soi ainsi qu’une meilleure connaissance de ses besoins, envies et surtout, de ses limites.